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Découvrez le portrait de Fabrice BOSSOU, volontaire international de la Francophonie de la promotion 2019
vendredi 20 novembre 2020

Béninois
chargé de projet pour le renforcement du projet C-NEUF « Espace Techno Incubation » de l’Institut de Technologie du Cambodge (ITC).
Promotion 2019
PORTRAIT D’UN BENINOIS AU CAMBODGE !
Choum riép sour (Bonjour en langue khmère)
Bienvenue au Cambodge, le pays au sourire gracieux et au passé tragique
Que peut bien faire un béninois au Cambodge ?
Que peut bien faire un béninois au Cambodge ? Voilà la question à laquelle je ne peux échapper toutes les fois où j’ai l’occasion de me présenter à des personnes au Cambodge. Arborant un sourire, j’y réponds souvent par une autre question : « connaissez-vous le VIF ? » avant de préciser, indépendamment de leur réponse que je suis au Cambodge grâce au VIF.
Je m’appelle Fabrice. Je suis de nationalité béninoise et suis actuellement en mission de volontariat international de francophonie au Cambodge en tant que chargé de projet pour le renforcement du projet C-NEUF « Espace Techno Incubation » de l’Institut de Technologie du Cambodge (ITC).
Ma passion, c’est l’entrepreneuriat des jeunes. Et c’est à ce titre qu’après ma maîtrise en développement communautaire fait au Bénin, j’avais décidé d’aller au Ghana pour faire un MBA (Master of Business Administration) en gestion de projets à Wisconsin International University (Ghana) que j’ai fini en 2018. Pendant mes quelques années d’études au Ghana, j’ai fait la connaissance d’une organisation d’entrepreneuriat social basée aux États-Unis en Californie avec laquelle j’ai travaillé pour mettre en place des programmes d’accélérateur d’entreprises en Afrique de l’Ouest et surtout dans quelques pays francophones de l’Afrique de l’Ouest. Avant moi, leurs programmes sur le continent africain n’étaient dispensés que dans des pays anglophones. Quand j’ai rejoint leur équipe et grâce à mon bilinguisme, j’ai traduit de l’anglais au français leurs présentations PowerPoint et les modèles financiers qu’ils utilisaient pendant leurs ateliers de travail. J’ai voyagé avec certains membres du Miller Center au Libéria, au Togo et au Bénin pour les aider à faire leur formation d’accélérateur de trois jours dans ces différents lieux.
Une première fois en Asie !
Parti du Bénin, c’était mon premier voyage sur le Cambodge, et d’ailleurs en Asie. J’ignorais totalement de quoi retournera cette première rencontre. Sur la route de l’aéroport à l’Institut de Technologie du Cambodge, j’ai remarqué que Phnom Penh n’est pas très différent de certaines capitales de l’Afrique comme Cotonou. La circulation dense, le bruit des moteurs et des klaxons, les boutiques le long des voies m’a tout de suite mis en confiance puisque c’étaient des choses qui m’étaient familières. Cependant, cette atmosphère familière cachait bien beaucoup de choses.
Travail et vie quotidienne à Phnom Penh !
Je vis à quelques mètres de mon lieu de travail qui est l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) sise à l’ITC. Je me réveille tous les matins avec l’ambiance sonore du marché Kilolek Buon. Mon bonjour, je le reçois tous les matins des petites filles de la famille du propriétaire qui m’appellent affectionnément « oncle ». Je marche tous les matins pour me rendre à l’ITC.
Ma mission consiste essentiellement à accompagner l’ITC dans la mise œuvre du projet CNEUF « Espace Techno Innovation ». En bref, j’apporte mon appui technique dans la mise en œuvre des concours start-ups et à l'animation de la formation sur l’entrepreneuriat et l’insertion professionnelle des étudiants.
Nous avons déjà organisé le concours start-up francophone régional qui a réuni les participants du Cambodge, du Vietnam et du Laos. Mon contribution a été de participer de la formation des participants, d’aider à la rédaction de plan d'affaires, à la présélection des meilleurs plans d'affaires, au mentoring des équipes cambodgiennes et à l'organisation de la finale.
Simultanément, nous organisons aussi le "techno-innovation challenge" qui est un concours de projets innovants. Actuellement, 4 équipes participent au programme de formation de 10 semaines dédié à la phase de pré-incubation de leurs projets.
Après l’effort et le travail, le repas ! Au Cambodge, le déjeuner, c’est la fête. Je partage souvent le déjeuner avec deux de mes collègues dans un restaurant local comme la plupart des cambodgiens qui déjeunent en groupe de deux ou plus. L’avantage est que les prix des repas sont très abordables et l’on a la possibilité de goûter à différents plats. Un plat typique cambodgien est composé de soupes, de légumes et évidemment de riz (aliment de base). Beaucoup de plats sont assaisonnés à la citronnelle, la coriandre, le gingembre et c’est exactement ce qui fait de la nourriture khmère un pur délice de la région. Ma journée se termine en beauté dès fois avec des partages de bière avec les locaux en rentrant à l’appartement.
Étant tombé sous le charme du Cambodge avant d’y camper, ce pays du sourire et de la gentillesse m’a réservé quelques surprises désagréables. Il est évident que mes cinq (5) années passées à Accra (Ghana) m’ont enfoui dans un confort culturel dont le changement a été vécu comme un choc auquel je n’étais pas préparé. Les premières semaines furent celles de mon baptême de feu. Mon portable a été volé à l’arrachée en pleine ville de Phnom Penh et un faux billet de 100 dollars m’a aussi été glissé. Mais très vite, j’ai compris que les gens malhonnêtes de ce beau pays du sourire sont une trop petite minorité pour porter un jugement négatif sur toute la culture cambodgienne.
De plus, le Cambodge n’est pas très savant de l’Afrique et de sa culture. Dans certaines rues de Phnom Penh, les regards curieux ou surpris ne manquent pas. Mais la plupart des gens me donnent un sourire qui fait transparaître leur bonne intention à mon égard.
Entre autres, la barrière de la langue était aussi une difficulté. Même l’anglais était très peu compris par les autochtones. Je m’étais donc résolu à apprendre quelques rudiments de la langue khmère, autrement les échanges se font simplement par sourires et gestes spontanés, souvent ponctués par des explosions de rires continus. Une petite phrase que j’ai beaucoup utilisée ici, c’est « Khnioumm Niamm Baille » qui veut dire « je veux manger du riz ». J’ai au fur et à mesure élargi mon vocabulaire de mots khmères utiles à la vie quotidienne.
Au-delà de quelques difficultés que j’ai rencontrées ici, le Cambodge me semble un pays très chaleureux et hospitalier où l’on se plaît rapidement au risque d’oublier d’où l’on vient. Cependant derrière chaque sourire, se cache des difficultés. Certaines personnes pauvres du pays m’ont marqué de façon spéciale, car elles sont prêtes à partager le peu qu’elles ont. Et comme le disait un auteur inconnu, « On peut être riche avec rien et être pauvre avec tout ».
Le volontariat de la francophonie, un tremplin !
Vivre cette expérience de volontariat au Cambodge constitue une opportunité inouïe pour découvrir une nouvelle culture et renforcer mes compétences à l’international. C’est aussi une opportunité pour moi de contribuer à la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes. Je crois qu’une des solutions contre le chômage aujourd’hui c’est donner de les outils aux jeunes du monde afin de leurs permettre de créer leurs entreprises et contribuer à l’économie locale.
Au Cambodge, dans le cadre de la promotion de la francophonie, j’ai participé en tant qu’observateur libre à l’initiative « Libres ensemble » de l’OIF qui s’est déroulée à l’ITC et a réuni des jeunes francophones de toute la région. J’ai aussi participé à plusieurs ateliers de carrières et à des activités de start-ups avec les incubateurs francophones du Cambodge.
De plus, personnellement, dans le cadre de la journée internationale du volontariat de francophonie, j’ai organisé un atelier de formation sur la rédaction de CV, de la lettre de motivation aux étudiants de l’ITC et participé à l’organisation de la même activité à Hanoi (Vietnam) avec ma collègue VIF.
Mon message à l’endroit de la Francophonie, aux francophones et à l’OIF !
Lors de la mise en route de la promotion 2019 à Paris, j’ai retenu particulièrement une chose du discours de Madame Louise MUSHIKIWABO, Secrétaire générale de la Francophonie, « La jeunesse, c’est l’avenir mais la jeunesse c’est surtout le présent ». Mon message à l’endroit de la Francophonie, aux francophones et à l’OIF s’inscrit dans cette dynamique. Nous comptons plus que jamais sur la francophonie et l’OIF pour nous accompagner dans le présent, à relever les défis de notre génération. Que la jeunesse francophone ne soit plus la jeunesse de l’avenir mais la jeunesse du présent, la jeunesse qui prend des initiatives, qui ose et relève les défis de leur temps. Vive la Francophonie ! Vive l’Organisation Internationale de la Francophonie ! Bonne célébration des 50 ans !
Sans la pluie, rien ne pousse !
Comme le disait Buddah, « Sans pluie, rien ne pousse, apprendre à embrasser les tempêtes de votre vie ». Le volontariat international de la francophonie est comme une pluie qui a arrosé ma carrière professionnelle et ma situation personnelle. Par conséquent, je suis prêt pour conquérir le monde et embrasser les tempêtes de ma vie.
Mon objectif a toujours été de contribuer à un monde meilleur à travers la promotion de l’entrepreneuriat et l’insertion socio-professionnelle des jeunes. Quelque chose qui me tient à cœur, c’est de mettre en place un incubateur d’entreprises sociales au Bénin et au Togo.
Mon message aux jeunes francophones !
À toi, jeune francophone ! Quelles que ce soient les difficultés et les échecs que tu rencontres, il y a toujours une opportunité, un grain d’espoir. Il faut apprendre à frapper à la bonne porte et le volontariat international de la francophonie peut s’avérer une belle expérience. Je finis par cette citation de Jack Ma :
« N'abandonne jamais ! Aujourd'hui est difficile, demain sera pire, mais l’après-demain sera le beau temps. »

Au temple d’Angkor Wat (l’emblème du Cambodge) à Siem Reap avec les moines

Partage de bière avec des cambodgiens après une journée de travail

Atelier de formation

Photo de famille entre le Directeur de l’ITC et tous les étrangers (volontaires, étudiants et enseignants) à l’ITC à l’occasion des fêtes de Noël