« Inserjeune » : un outil numérique pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes
La plateforme « InserJeune », un instrument d’évaluation des dispositifs d’enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP), est désormais déployée dans plusieurs pays francophones. Retour sur ce dispositif innovant développé par l’OIF depuis 2018.
Lors de la conférence organisée en 2017 à Dakar (Sénégal) réunissant des ministres francophones de la Formation professionnelle et de l'Emploi et des représentants du patronat, les participants avaient souligné la nécessité de mieux évaluer les dispositifs de l’EFTP pour lutter plus efficacement contre le chômage. C’est la raison pour laquelle l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (IFEF) a développé, à partir de 2018, un nouvel outil numérique.
« InserJeune », c’est son nom, est une plateforme informatique destinée à mesurer le taux d’insertion des jeunes diplômés et le taux de satisfaction des entreprises. Ce dispositif de suivi et de pilotage permet d’identifier et de préciser les secteurs porteurs d’emplois par localité en temps réel et d’orienter les futurs apprenants vers les métiers d’avenir ; il permet également aux établissements de formation de contribuer à un meilleur arrimage entre leur offre et la demande des employeurs. De leur côté, les entreprises peuvent recruter directement et préciser leurs attentes sur les compétences recherchées. In fine, « InserJeune » permet d’améliorer le taux d’employabilité des diplômés et d'évaluer l'efficacité externe des dispositifs d'EFTP.
Des outils contextualisés selon les pays
En accord avec les ministères de tutelle, cette plateforme a pu être expérimentée dans 17 pays francophones, ainsi que dans le réseau salésien Don Bosco Tech Africa disposant de 113 établissements répartis dans 34 pays d’Afrique. Après une phase pilote comprise entre 6 mois et 2 ans, des pays comme le Cameroun, Djibouti, la Guinée, Madagascar, le Togo ainsi que le réseau Don Bosco ont émis le souhait de disposer d’une plateforme intégrant certaines fonctionnalités qui leur sont propres.
L’IFEF a ainsi accompagné cette phase de personnalisation de l’outil à travers des formations à l’administration de la plateforme et des développements spécifiques tenant compte des différents contextes et besoins. La Guinée, par exemple, disposait déjà d’une plateforme « Parcourspro » retraçant le cursus des apprenants jusqu’à l’obtention du diplôme : la création d’une interface permet désormais aux deux plateformes d’interagir. Les écoles DonBosco, quant à elles, s’étendent aux aires anglophone, lusophone et hispanophone : l’outil, d’abord dédié aux pays de l'espace francophone, a été traduit en anglais, portugais et espagnol pour faciliter son usage dans l'ensemble du réseau.
Fin 2023, « InserJeune » concernait environ 15 000 diplômés, 350 établissements de formation et 450 entreprises. L’application couvrait 19 secteurs et 228 filières professionnelles en rapport avec 24 types de diplômes. « J’ai découvert "InserJeune" à travers le canal du MINEFOP (ministère camerounais de l’Emploi et de la Formation professionnelle, NDLR). Cette plateforme m’a permis de recruter une main-d’œuvre qualifiée et de négocier les contrats d’embauche sans intermédiaire. », explique Josiane Ngankou, promotrice du centre de formation Dream Academy et de salons de coiffure et d’esthétique au Cameroun. Son compatriote Edgar Taga, promoteur du Centre de formation professionnelle Star Telecom à Douala, insiste lui sur l’aspect d’ajustement de l’offre permise par l’outil : « Notre centre de formation a pu réorienter et, même parfois, augmenter certains modules de formation dans certaines spécialités pour pouvoir rivaliser efficacement avec d’autres établissements et former des jeunes capables de travailler sur le plan national et international. »
Durant le dernier trimestre 2023, l’IFEF en collaboration avec les ministères concernés a donc procédé au lancement de ces plateformes nationales au Cameroun, à Djibouti, en Guinée, au Togo et au sein du Réseau Don Bosco. « "InserJeune" vient à point nommé répondre au besoin de mesure de l’efficacité externe du système de l’EFTP au Togo à travers le calcul du taux d’insertion. Il vient suppléer aux enquêtes de suivi professionnel quelque peu coûteuses et malheureusement irrégulières, qui ne permettent pas de disposer non seulement des indicateurs sur la situation d’occupation des sortants, mais aussi des informations nécessaires à un meilleur pilotage du système EFTP », souligne Adékoulé Wolou Djamba, Directeur de la Planification au ministère délégué chargé de l’enseignement technique du Togo.
En 2024, le Benin, les Comores, la Guinée, Haïti, Madagascar et le Rwanda suivent le même chemin. D’autres pays ont aussi exprimé leur volonté d'expérimenter l'outil.
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